Accueil  >  Cancer  >  La chimioprevention naturelle du...
01-01-2001

La chimioprevention naturelle du cancer


Les CLA, une nouvelle classe d'acides gras protecteurs du cancer.

Les isomères diène-conjugés de l'acide linoléique (conjugated linoleic acid ou CLA), par contraste avec l'acide linoléique étudié pour son rôle potentiel dans la promotion des cancers, ont des actions antiprolifératrices et anti-tumorales.

Les effets anti-tumoraux des CLA ont été confirmés pour les cancers de la peau, de l'estomac, du pancréas, du foie, du poumon et des seins. Ils s'exercent aussi bien dans la phase d'initiation que dans la promotion et la croissance tumorale.

Le taux de CLA du tissu adipeux mammaire est inversement proportionnel au risque de cancer du sein. Cela suggère un fort rôle protecteur de ces composés dans la cancérogenèse mammaire.

Les résultats d'une étude consacrée à la maturation de cellules mammaires indiquent que l'exposition aux CLA peut modifier le développement des cellules cibles, normalement susceptibles d'évoluer en carcinome. Un régime riche en CLA permet de bloquer la croissance locale et la diffusion du cancer du sein, à travers des mécanismes indépendants du système immunitaire de l'hôte. Par contre, l'absence d'effet des CLA sur des lignées particulièrement agressives ou sur des tumeurs établies suggère qu'ils n'agiraient pas sur des cellules ayant achevé leur transformation cancéreuse. Leurs effets inhibiteurs s'exerceraient plutôt à un stade précoce de la cancérogenèse.

L'activité protectrice des CLA apparaît à des concentrations proches de celles apportées par une alimentation normale. Les CLA apportent d'autres protections : ils sont hypocholestérolémiants et anti-athérogènes ; ils modulent les réponses allergiques, le diabète et l'obésité. Leur dérivé actif, l'isomère cis-9, trans-11 de l'acide linoléique, est efficace à de faibles teneurs dans le régime alimentaire (1% contre 10% pour les graisses marines). Leur activité est indépendante de la nature des autres acides gras du régime alimentaire, contrairement aux W3.

Les alkylglycérols protègent les requins, et sans doute aussi les humains, du cancer.

Les requins n'ont pas subi de mutations depuis près de 400 millions d'années. Ils vivent en moyenne 100 ans et sont dotés d'un système immunitaire étonnamment performant. Ils cicatrisent très vite et sont protégés de la plupart des maladies, en particulier du cancer. Les alkylglycérols, qui se trouvent dans le foie des requins, seraient en partie responsables de cette protection contre le cancer.

L'huile de foie de requin est très importante. Elle peut représenter jusqu'à 25% de son poids et 50% de cette huile est sous forme d'alkylglycérols. Ce sont des acides gras présents également dans le lait humain mais en plus faible quantité (le lait de femme contient dix fois plus d'alkylglycérols que le lait de vache). Les alkylglycérols interviennent sur le système immunitaire.

Ils activent et modulent la production des globules blancs, des globules rouges, des plaquettes ainsi que l'activité du facteur d'agrégation plaquettaire ; ils favorisent la production d'anticorps et aident à l'élimination du mercure. De plus, les alkylglycérols inhibent la croissance des tumeurs cancéreuses et permettent de réduire la toxicité des rayons en radiothérapie.


Le taux de survie de patients atteints de cancers et supplémentés en alkylglycérols est accru : après trois ans de traitement, le taux de mortalité atteint 19% chez des patients supplémentés en alkylglycérols suivant une radiothérapie, contre 30% chez ceux qui ne le sont pas. De plus, administrés en début de radiothérapie, les alkylglycérols permettent de ralentir l'évolution des tumeurs et les patients vivent plus longtemps lorsqu'ils sont supplémentés en alkylglycérols. Les alkylglycérols semblent être plus efficaces lorsque le patient est une femme de moins de 60 ans.

Buvez plusieurs tasses de thé vert par jour ou supplémentez vous.

Les résultats des études de populations vivant dans des régions à risque élevé de cancer du poumon, de l'estomac ou de l'œsophage, indiquent que les buveurs réguliers de thé vert ont des taux d'incidence et de mortalité plus faibles pour ces types de cancer.

Plusieurs études confirment l'intérêt anticancéreux du thé vert :

- Cancer de la prostate : Une étude cas-témoins, réalisée sur plus de 1200 canadiens, a porté sur la relation entre le cancer de la prostate, la consommation de boissons alcooliques et d'autres boissons, incluant le thé, le café et le cola. De toutes les boissons étudiées, seul, le thé (plus de 2 tasses par jour) a montré qu'il pouvait diminuer le risque de cancer de la prostate (deuxième cause de décès liée au cancer chez les canadiens).

- Cancers digestifs : Dans une étude chinoise portant sur 930 personnes, la consommation de thé diminuait le risque de cancer du côlon, du rectum et du pancréas. Plus les gens consommaient de thé vert, plus grande étaient leur protection contre les cancers étudiés. Dans des études menées par Roderick en Oregon, la consommation de thé vert et de thé noir inhibait la formation et le développement des premières lésions pré-cancéreuses chez le rat. Les polyphénols du thé vert peuvent inhiber l'activité d'agents carcinogènes comme les nitrosamines, les hydrocarbures aromatiques polycycliques et les amines hétérocycliques.

- Cancer de la peau : Chez des animaux, l'administration d'extraits de thé vert ou de thé noir est efficace dans la prévention de cancers induits par des carcinogènes chimiques ou par les ultraviolets de la lumière.

- Cancer de la bouche : L'étude de Jushi Chen (Académie Chinoise de Médecine Préventive de Beijing) est la première étude à avoir démontré chez l'homme l'existence d'un lien direct entre les effets préventifs du thé et les cancers. Pendant six mois, 59 patients atteints de lésions buccales pré-cancéreuses ont été étudiés. Un traitement incluant un mélange de composants de thé vert et de thé noir, administré par voie orale et appliqué directement sur les lésions, a contribué à améliorer de manière importante les signes cliniques et à inhiber la prolifération des cellules précancéreuses.

- Cancer du poumon : Les fumeurs japonais réduisent leur risque de cancer du poumon de 45 % en buvant du thé vert ; cela expliquerait que le Japon ait à la fois le plus fort pourcentage de fumeurs du monde industrialisé et le plus faible taux de cancers du poumon. D'après une étude japonaise, la consommation de quantités importantes de thé vert (au moins 10 tasses par jour) diminue radicalement la progression de cancers déjà initiés : des patients atteints de cancer du poumon, gros buveurs de thé vert, vivent en moyenne 3 ans de plus, pour les hommes, et 8 ans et demi de plus, pour les femmes, que ceux qui en boivent moins de 3 tasses par jour. Dans des études animales, les polyphénols du thé démontrent un effet inhibiteur vis-à-vis des substances carcinogènes dérivant du tabac. De plus, J E Klauning, un pharmacologue de l'Indiana, a révélé que la consommation de thé vert et de thé noir diminuait le stress oxydant, particulièrement chez les fumeurs. Au cours d'une expérience, l'administration de thé vert a spontanément réduit le nombre de métastases au poumon.

Les effets inhibiteurs du thé vert dans la causalité et le développement du cancer sont le résultat de plusieurs mécanismes pouvant fonctionner individuellement ou en synergie :

1 - Le thé vert inhibe la formation de carcinogènes réactifs en bloquant certaines réactions d'oxydation produisant un ADN anormal. Il inhibe notamment la formation d'un produit stable, le 8-hydroxy-désoxyguanosine (8-OHDG), un marqueur des dommages oxydatifs de l'ADN. Les chercheurs ont porté leur attention sur un constituant important du thé vert, l'épigallocatéchingallate (EGCG). L'ECGC est une catéchine (un polyphénol) abondante dans le thé vert, mais absente dans le thé noir. L'EGCG est connue pour être beaucoup plus puissante que la vitamine E contre les radicaux libres.

2 - Le thé vert ralentit la multiplication cellulaire, surtout celle des cellules anormales que l'on trouve généralement en début de maladie, indiquant ainsi que la croissance des cancers sera inhibée. L'EGCG inhibe la libération du TNF (Tumor Necrosis Factor) et réduit l'activité de l'ornithine décarboxylase, des biomarqueurs des cancers de l'estomac et du côlon. Il fragmente l'ADN de la cellule cancéreuse, provoquant son apoptose (mort cellulaire programmée).

3 - Le thé vert change la composition des bactéries intestinales en favorisant les bactéries salutaires et en empêchant le développement de celles qui engendrent des substances défavorables comme l'ammoniaque capable de favoriser le cancer de l'intestin.

4 - Dans le thé vert, il existe une substance inhibant une enzyme essentielle à la croissance tumorale dont la propriété est de dégrader les tissus environnants. Un représentant éminent de cette classe d'enzyme est l'urokinase, produite en quantité importante par la cellule cancéreuse. Dans des expérimentations animales, en l'inhibant, on parvient à réduire les tumeurs. L'ECGC a montré une efficacité cytostatique (qui freine la multiplication cellulaire) moindre qu'un inhibiteur chimique de l'urokinase, mais il peut être consommé en quantité bien plus importante sans avoir d'effet secondaire.

Les manifestations des effets préventifs ou inhibiteurs des catéchines sont : la diminution du nombre et du volume des tumeurs, la baisse de la morbidité et la prolongation de durée de vie des cancéreux.

Les polyphénols du thé vert sont actifs à tous les stades du cancer : initiation, promotion et progression. Ils ont montré des effets protecteurs vis-à-vis des cancers du poumon, du tube digestif (œsophage, estomac, intestin grêle, colon, rectum), du pancréas, du foie, de la peau, de la prostate, et du sein. Le fait que le thé vert ne présente aucune toxicité et qu'il ait de multiples bénéfices pour la santé permet de le conseiller en boisson comme en supplémentation.

L'ail, un protecteur méconnu du cancer

L'ail appartient au groupe des plantes alliacées. Elle contient l'allicine, utilisée pour ses vertus pharmaceutiques (antibiotiques et antithrombotiques) depuis des siècles. De nombreuses propriétés pharmacologiques lui sont attribuées : actions hypocholestérolémiante, anticoagulante, antioxydante, antibactérienne, antivirale et anticancérigène. L'administration de fortes doses d'ail à des rongeurs inhibe la formation de tumeurs.

L'ail augmente le temps de latence (temps que met la tumeur à se développer) et diminue l'incidence des tumeurs mammaires chez des rats ayant reçu le composant organosulfuré de l'ail sous forme de poudre d'ail (2 à 4% dans un régime).  

Bien que la spécificité des composés organosulfurés n'ait pas été identifiée, l'extrait d'ail concentré inhibe la croissance des tumeurs transplantées ou chimiquement amorcées lorsqu'elle est administrée par voie orale chez la souris et le rat. 20 g/kg d'extrait d'ail inhibent la fixation sur l'ADN d'un toxique responsable de tumeurs dans le tissu mammaire.


Elle a des effets anti-initiateurs du cancer de différents organes (estomac, œsophage, foie, poumon, sein).
Des études faites en Chine, où le taux de mortalité par cancer de l'estomac est particulièrement élevé, ont montré que les sujets consommant de l'ail ont des risques inférieurs aux autres de développer un cancer de l'estomac.

Son effet anti-promoteur, en revanche, reste controversé. L'injection péritonéale d'ail concentrée suivie d'une injection de cyclophosphamide (un immunodépresseur) et, 14 jours plus tard, de cellules tumorales a été comparée à l'injection de cellules tumorales et d'ail. Les souris ayant reçu l'extrait d'ail et le cyclophosphamide survivent plus longtemps que celles qui n'ont reçu que l'extrait. Le résultat de cette étude montre que l'extrait d'ail protège les cellules normales contre les agents cytotoxiques.

Mangez des choux au moins trois fois par semaine.

Les isothiocyanates (molécules soufrées) sont des constituants communs aux végétaux crucifères (toutes les sortes de choux, surtout le brocoli).

L'isothiocyanate volatile est dégagé par les thioglucosides des légumes et contribue à l'odeur et à la saveur des crucifères. Plus de 20 isothiocyanates naturels et synthétiques ont été étudiés pour leurs capacités anticarcinogènes. L'allyl isothiocyanate est particulièrement présent dans le chou. Il est employé par l'industrie alimentaire pour donner la force de la moutarde brune. Le sulforaphane a été isolé dans le brocoli lorsque son potentiel de « mise en service » des enzymes de détoxication sur des cultures de cellules hépatiques de souris a été observé.

Les pousses de brocoli âgées de 2 à 3 jours sont la source alimentaire la plus riche en sulforaphane. Elles en contiennent 20 à 50 fois plus que les brocolis adultes. Les isothiocyanates diminuent la toxicité et accélèrent l'élimination des toxiques et des substances cancérigènes. Les isothiocyanates apparaissent comme inhibiteurs de la nitrosamine et des hydrocarbures polycycliques, des carcinogènes spécifiques du tabac sur les cancers du poumon et de la cavité nasale. Les isothiocyanates préviennent les cancers du sein et du poumon. Ils inhibent le développement des tumeurs mammaires, pulmonaires et œsophagiennes.
Les isothiocyanates modifient les voies métaboliques des carcinogènes et/ou aident l'organisme à se détoxiquer des carcinogènes.

L'inhibition de l'activation du cytochrome P450 et la majoration du gluthation par médiation de la sulfotransférase ont été démontrées pour de nombreux isothiocyanates. Ce sont des substrats et des inducteurs de la glutathion-transférase. Le blocage du cycle cellulaire par les isothiocyanates suggère qu'ils seraient capables de prévenir la prolifération cellulaire et d'arrêter les événements postérieurs du cancer. Les isothiocyanates inhibent l'oxydation métabolique d'un certain nombre de cancérigènes et réduisent les conséquences sur l'ADN.

La quercétine, un flavonoïde anticancéreux

Les flavonoïdes sont utilisés pour leur capacité à inhiber l'allergie, l'inflammation, les viroses, la cancérogenèse. Tous les flavonoïdes n'ont pas les mêmes propriétés. Les flavonoïdes sont présents dans les fruits et légumes. La quercétine est le flavonoïde le plus abondant et le plus étudié de notre alimentation. La biodisponibilité de la quercétine dépend de son degré de glycosylation. Elle est présente sous forme de glycosides, avec un ou deux résidus de glucose, dans l'oignon qui constitue une des principales sources alimentaires de flavonoïdes.

Une fois absorbés, les flavonoïdes ne sont jamais présents sous leur forme native végétale, mais toujours sous forme déglycosylée et sont conjuguées avec divers groupements : méthyle, sulfate, glucuronide. Une partie des flavonoïdes excrétés par voie biliaire sont réabsorbés (cycle entérohépatique).

Des études récentes se sont focalisées sur la capacité de la quercétine à prévenir la cancérogenèse. La quercétine est efficace dans la prévention du cancer de la peau dans deux modèles animaux de cancer. L'incorporation à l'alimentation de 2% de quercétine a diminué l'incidence du cancer du côlon chez l'animal, alors que celle de 4% de rutine (équivalent à 2% de quercétine), n'a eu aucun effet. Une autre étude a confirmé que l'apparition de cryptes anormales au niveau du colon est prévenue par la quercétine et non par la rutine chez la souris suivant un régime gras.

La quercétine a été récemment démontrée efficace en prévention de la prolifération cellulaire et de la carcinogenèse, dans de nombreux autres modèles. Plusieurs mécanismes ont été suggérés pour expliquer l'inhibition de la cancérogenèse par la quercétine. Les topoisomérases sont des enzymes entraînant des torsions de l'ADN pendant la réplication et la transcription, responsables du développement de la tumeur. La quercétine est antagoniste des topoisomérases I et II produites par les cellules tumorales. La quercétine a aussi des propriétés anti-inflammatoires. Le cycle de réplication des cellules peut être divisé en quatre : G1, S (synthèse) où l'ADN cellulaire est reproduit, G2, M (mitose) où les chromosomes reproduits se séparent. La quercétine induit dans certaines cellules tumorales (lymphome T, tumeur du colon) un arrêt du cycle cellulaire en phase G1. Sur plusieurs lignées de cellules cancéreuses, la quercétine a induit l'apoptose (mort cellulaire programmée) dans des cellules tumorales, aboutissant à la fragmentation de leur noyau et à la condensation de la chromatine nucléaire.

La curcumine et le resvératrol, deux nouveaux phytonutriments efficaces dans la prévention du cancer.

La curcumine (diféruloylméthane) est un pigment jaune extrait des rhizomes de Curcuma longa (curry). La curcumine semble efficace chez l'animal dans les leucémies, les lymphomes, les cancers du côlon, de la peau (mélanome), du rein et du sein.

Une étude portant sur des patients atteints de cancer de la bouche et de la peau a montré que 18 mois de traitement par la curcumine permettent de réduire : l'odeur des lésions ulcératives, les démangeaisons et le pus, la douleur et la taille des lésions tumorales.

La curcumine inhibe la cancérogenèse dans les étapes d'initiation, de promotion et de progression du cancer. Une alimentation incluant de la curcumine, du ß-carotène et de l'hespéridine (un flavonoïde), pendant les phases d'initiation du cancer a induit une réduction des carcinomes chez le rat.

L'ordre d'efficacité dans la prévention du cancer est : curcumine > ß-carotène > hespéridine.

De plus, le niveau de polyamines (marqueurs du développement tumoral) a été abaissé par cette chimioprévention. De la même manière, la curcumine est plus efficace que la quercétine dans un modèle de cancer du sein. La curcumine, prise au cours de l'alimentation, réduit le nombre de tumeurs de l'estomac induites par le benzo(a)pyrène (un mutagène apparaissant lors de cuissons au barbecue), même s'il est administré après l'exposition à ce mutagène.

La curcumine a la capacité de moduler l'expression des proto-oncogènes, des gènes responsables de la prolifération tumorale (c-fos, c-jun, c-myc, bcl-XL). Elle inhibe aussi l'activité de la protéine kinase C et de la tyrosine kinase des cellules tumorales (médiateurs de signal cellulaire), bloquant ainsi le signal de transduction (transfert du message) de ces cellules et induisant par ce mécanisme leur apoptose dans les phases de promotion et de progression.

La combinaison de curcumine, de vitamine A et de vitamine D3 améliore l'efficacité du traitement de la leucémie promyéloïde.

Cet effet de la curcumine s'explique par l'inhibition marquée de l'activité du proto-oncogène NF-kappa-B. Elle inhibe la transformation, par le virus de l'Epstein Barr, des lymphocytes B en lymphomes (tumeur des ganglions). L'inhibition de la croissance des tumeurs dépend du moment et de la quantité d'administration de curcumine. L'intensité de cette inhibition est corrélée avec celle de l'inhibition de l'activité de l'ornithine décarboxylase. La curcumine arrête le cycle cellulaire aux niveaux des phases S/G2 et G2/M. Elle stimule l'activité de deux enzymes antioxydantes engagées dans la détoxication des produits de la peroxydation lipidique : la glutathion-peroxydase et la glutathion-transférase.

La curcumine est un puissant anti-inflammatoire qui réduit la production de TNF alpha (Tumor Necrosis Factor) et inhibe l'activité de l'enzyme COX-2, une cyclooxygénase, diminuant ainsi la synthèse des prostaglandines inflammatoires et des thromboxanes de la série 2.

Elle inhibe aussi la lipoxygénase, réduisant la production de médiateurs de l'allergie à partir de l'acide arachidonique. Elle diminue le taux de produits terminaux de lipoperoxydation (Malone dialdéhyde).

La curcumine présente des propriétés anti-angiogéniques (réductibles), c'est-à-dire qu'elle réduit la prolifération de néovaisseaux nécessaires au développement des tumeurs solides. Cette propriété s'explique par l'inhibition de la synthèse d'ADN des cellules de l'endothélium vasculaire. La curcumine réduit à la fois le nombre et le volume des tumeurs. Enfin, la curcumine s'est révélée efficace à inhiber les effets œstrogéniques des pesticides et des substances chimiques de l'environnement.

Le resvératrol (3,5,4'-trihydroxy-trans-stilbène) est une phytoalexine présente dans le raisin. Il a démontré son efficacité dans des modèles de cancérogenèse animale sur le cancer du sein, de la peau, de la prostate et du colon. Le resvératrol est un composant anti-inflammatoire inhibant les enzymes COX-1 et COX-2.

Le resvératrol est une substance antioxydante. Il normalise les taux de myéloperoxidase et les activités d'enzymes antioxydantes (glutathion-réductase et superoxyde-dismutase). Il restaure les taux de glutathion. Il est anti-mutagène par trois mécanismes différents, inhibant à la fois l'initiation, la promotion et la prolifération de cellules cancéreuses.

Il favorise la différenciation des cellules leucémiques promyélocytaires, c'est-à-dire qu'il permet le retour à l'état normal de ces cellules tumorales. Bien qu'il augmente l'expression du récepteur aux œstrogènes de cellules tumorales mammaires, il a des effets anti-prolifératifs directs vis à vis des cellules épithéliales mammaires en stimulant l'expression du récepteur CD95. Il arrête le cycle cellulaire aux niveaux des phases S/G2 et G2/M. Il favorise l'apoptose (mort cellulaire programmée) des cellules tumorales en activant le protooncogène p-53 et en inhibant le protooncogène bcl-2. Il bloque la transduction des signaux cellulaires tumoraux en inhibant la NO synthétase inductible, la protéine kinase C et l'activation du facteur nucléaire NF-kappa-B. Au niveau de la prostate, il empêche l'initiation et le développement du carcinome prostatique et réduit la synthèse des PSA (Prostate Specific Antigen). De plus, il inhibe de façon sélective le cytochrome P450 1A1 et la synthèse des métalloprotéases, dégradant la matrice extra-cellulaire. Les flavonoïdes, notamment la quercétine et la chrysine, en inhibant la sulfoconjugaison duodénale et hépatique du resvératrol, limitent sa biodisponibilité. Cette compétition n'existe pas entre le resvératrol et la catéchine (extrait de thé vert).

Actuellement six principaux phytonutriments (allicine, catéchine (EGCG), quercétine, isothiocyanates (sulforaphane), curcumine et resvératrol) sont donc à notre disposition sous forme de suppléments en traitement préventif du cancer, voire curatif en adjuvant de la chimiothérapie, de la radiothérapie ou de la chirurgie. Toutes ces substances ont confirmé leur efficacité sur l'animal mais, seuls, les effets du thé ont été démontrés chez l'homme.


Les O3 protègent des effets tumoraux induits par les O6

Les acides gras polyinsaturés (AGPI) semblent jouer un rôle dans le développement du cancer. La quantité et la répartition des différentes familles d'AGPI des lipides sont impliquées. Dans les modèles d'études de la cancérogenèse mammaire, les huiles de poissons semblent inhiber la croissance tumorale ainsi que celle des métastases. Ce sont les AGPI O3 qui sont impliqués. L'acide a-linolénique, un des O3, a un plus fort effet inhibiteur de la croissance des tumeurs mammaires et des métastases que l'EPA et le DHA (d'autres O3). Cela suggère un effet protecteur spécifique de l'acide a-linolénique dans la cancérogenèse mammaire

L'association de cet acide gras avec de l'EPA et du DHA a un effet inhibiteur sur les métastases de cellules d'adénocarcinome mammaire. Les O6 (acide linoléique), en l'absence d'O3 (ce qui est le cas de l'huile de tournesol), sont des promoteurs du cancer du sein. Les W3 n'ont pas d'effet inhibiteur sur la cancérogenèse mammaire lorsque les apports en O6 sont trop élevés ou insuffisants. Ce n'est que lorsque les apports en O3 et O6 sont équivalents que les effets anti-tumoraux des O3 s'expriment. Les W3 pourraient ainsi supprimer la stimulation tumorale exercée par les O6. Une supplémentation importante en acide alinolénique et DHA (O3) est particulièrement recommandée en cas de cancer déclaré, en parallèle avec la chimiothérapie et la radiothérapie.

BIBLIOGRAPHIE

Riboli E, Decloître F, Collet-Ribbing C. Alimentation et Cancer, Tec&Doc Lavoisier, Paris 1996.

Qin Y. Le thé et la santé, Les éditions du Quimétao, Paris 1996 ; 104-105.

Nutrition et cancer, Cerin, Paris 1995 ; 119-128.

Bougnoux P, Lavillonnière F. CLA et cancer du sein, Cholé-Doc 1998.

Durlach J, Bara M, Guiet-Bara A. Magnésium et cancer, Médecine et nutrition 1993, T. XXIX ; 75-78.

Durlach J. Le Magnésium, J.B. Baillière, Paris, 1985 ; 243.

Bougnoux P. n-3 polyinsatured fatty acids and cancer, Lippincott Williams&Wilkins 1999 ; 121-125.

Melvyn R, Werbach MD. Alkylglycerols and cancer, Journal of Orthomolecular Medecine Vol.9, 1994 ; 22-32.

Edeas Marwin. 1ère Conférence internationale sur les Effets bénéfiques du thé sur la Santé. Paris, Novembre 2000.

Birt DF, Schull JD, Yaktine AL. Chemoprevention of cancer. In Schils ME, Olson JA, Shike M, Ross AC. Modern nutrition in health and disease. Ninth edition, Baltimore1999 ; 1263-1325.
Télécharger le pdf contenant cet article Format PDF
A découvrir aussi
10-06-2014
Le DIM (di-indolylméthane) module positivement le métabolisme...
Les légumes crucifères, brocolis, choux, choux-fleurs sont la source de puissants phytonutriments capables de modifier le métabolisme des œstrogènes chez l'homme comme chez la femme...
Lire plus
03-11-2016
Activez vos gènes anti-cancer
Des expériences conduites sur des souris ont montré que leur durée de vie pouvait être prolongée de 45 % en activant certains gènes. Or, les...
Lire plus
08-03-2011
Le zinc associé à une diminution du...
Les données provenant de 525 hommes de moins de 80 ans, enrôlés dans une étude suédoise, ont été examinées. Un cancer de la prostate avait...
Lire plus
Format PDF
Suivez-nous
Sélectionnez la langue de votre choix
frenes

Gratuit

Merci de votre visite, avant de partir

inscrivez-vous au
Club SuperSmart
Et bénéficiez
d'avantages exclusifs:
  • Gratuit : la publication hebdomadaire scientifique "Nutranews"
  • Des promotions exclusives aux membres du club
> Continuer