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01-04-2004

Inositol hexanicotinate, une alternative plus sûre à la niacine

La niacine, ou vitamine B3, a longtemps été prescrite pour le traitement de différentes pathologies cardiovasculaire et, en particulier, pour celui des hyperlipidémies. Son efficacité à réduire les niveaux de VLDL, de LDL, de cholestérol total et de triglycérides, tout en augmentant ceux de HDL, a été démontrée. Les effets secondaires de la niacine, qui se traduisent par des symptômes comme un rougissement intense de la peau, des démangeaisons, une hépatotoxicité ou une perturbation de la tolérance au glucose, se manifestent souvent à des doses nécessaires à l'obtention d'une efficacité thérapeutique. La nécessité de trouver une approche plus sûre de la supplémentation en niacine a conduit à travailler sur ses esters. L'inositol hexanicotinate (IHN), également appelé inositol hexaniacinate, est celui qui a été le plus largement étudié. De nombreux essais ont montré qu'il était dépourvu des effets secondaires associés aux traitements conventionnels par la niacine ; d'importants travaux de recherche ont montré qu'il est efficace dans le traitement des hyperlipidémies, de la maladie de Raynaud et la claudication intermittente. Un certain nombre de pathologies répondant positivement au traitement par la niacine comme l'hypertension, le diabète, la dysménorrhée ou l'alcoolisme demandent d'autres études.

La niacine est la vitamine B3. À l'état naturel, on la trouve dans les produits céréaliers, les haricots, le poulet ou le poisson, habituellement combinée avec d'autres vitamines du groupe B.
La vitamine B3 est le précurseur de deux coenzymes : le nicotine adénine dinucléotide, ou NAD, et le nicotine adénine dinucléotide phosphate, ou NADP, qui sont impliqués dans toutes les réactions antioxydantes de l'organisme. Le NAD est surtout utilisé pour les réactions d'oxydation et le NADP pour celles de réduction.

Le NAD est surtout mitochondrial alors que le NADP est essentiellement présent dans le liquide intracellulaire. La vitamine B3 est nécessaire au bon fonctionnement de plus de 50 enzymes. Sans elle, notre corps ne serait pas capable de générer de l'énergie ou de fabriquer des graisses à partir des hydrates de carbone. La vitamine B3 est également employée par l'organisme pour fabriquer des hormones sexuelles et d'autres molécules importantes de signaux chimiques.

Une métabolisation lente…

L'inositol hexanicotinate (IHN) est composé de six molécules d'acide nicotinique avec, au centre, une molécule d'inositol. Dans l'organisme, il se métabolise en différents composants dont il est formé, la niacine et l'inositol. Il fut décrit aux États-Unis pour la première fois en 1945 par Badgett et al. Il semble que ce composant soit métabolisé doucement et qu'il n'atteigne son niveau sérique maximal qu'environ 10 heures après son ingestion1. Lorsqu'il est administré à l'homme par voie orale, il augmente les niveaux d'acide nicotinique libre dans le sang et le plasma.

Au début des années 1960, on a montré que l'inositol hexanicotinate était efficace dans le traitement de pathologies associées à des insuffisances vasculaires périphériques incluant la gangrène, le syndrome des jambes sans repos, les stases dermatites, les migraines liées à l'athérosclérose et l'hypertension sans oublier des problèmes dermatologiques comme la dermatite herpétiforme, des lésions cutanées sclérodermiques, l'acné, la glossite exfoliative ou le psoriasis2.

Sécurité de l'inositol hexanicotinate

Jusqu'à la dose de 4 g, l'IHN semble sûr et sans effet secondaire et n'a pas été relié à ceux rencontrés avec les supplémentations en niacine.

Des chercheurs ont étudié un groupe de 153 patients atteints de différentes pathologies allant de la maladie de Raynaud au psoriasis. Ils n'ont observé aucun effet secondaire avec des doses quotidiennes allant de 600 à 1 800 mg.

Dans un groupe de personnes traitées alternativement avec de la niacine ou
de l'inositol hexanicotinate pour des problèmes de peau, la supplémentation en niacine (50 à 100 mg par jour) a été associée à de nombreux effets secondaires incluant rougissement de la peau, nausées, vomissements et agitation.
Par contre, les personnes prenant de l'inositol hexanicotinate n'ont pas rencontré ces types de problèmes, même à des doses deux à cinq fois plus élevées que celles de niacine précédemment utilisées3. De nombreux chercheurs ont étudié l'utilisation de différents dosages d'IHN allant jusqu'à 4 g quotidiens et n'ont pas non plus rapporté d'effet secondaire.

Traitement des hyperlipidémies

De nombreuses études épidémiologiques prospectives ou rétrospectives ont démontré que l'hyperlipidémie est facteur de risque majeur dans le développement de l'athérosclérose.
Des niveaux élevés de VLDL (very low density lipoproteins), de LDL (low density lipoproteins), de cholestérol total et de triglycérides sont associés à une augmentation du risque cardiovasculaire alors que des niveaux plus élevés de HDL (high density lipoproteins) confèrent une protection cardiovasculaire.

La niacine, à des doses pouvant atteindre 6 g quotidiens, est connue depuis longtemps comme faisant efficacement baisser les triglycérides, le cholestérol total et les LDL tout en augmentant les niveaux de HDL.

La niacine semble affecter les lipides sanguins par un certain nombre de mécanismes différents. Elle diminue les niveaux de LDL et de triglycérides en ralentissant la synthèse des VLDL dans le foie. Cette diminution se produit comme une réaction en chaîne. Elle commence avec l'activation de l'enzyme phosphodiestérase et par l'inhibition de l'activité de l'adénylate cyclase par l'acide nicotinique. Ensuite, la production d'AMPC (adénosine monophosphorique cyclique) dans les adipocytes est inhibée à son tour. Il s'ensuit une réduction de la libération des acides gras libres des tissus adipeux périphériques avec pour résultats une diminution de la fraction cholestérol LDL. Celle des VLDL et des LDL conduit ensuite à une chute des triglycérides, des phospholipides et du cholestérol sériques généralement combinés à ces lipoprotéines.

La niacine inhibe également, dans le foie, la synthèse du cholestérol à partir de l'acétate et semble en même temps augmenter sa dégradation. De plus, des niveaux élevés de lipoprotéines A ont été étudiés comme facteur de risque indépendant pour les maladies cardiovasculaires. La niacine semble jouer un rôle en altérant le fonctionnement de la lipoprotéine A-I et en réduisant la synthèse de la lipoprotéine A-II. Cela peut expliquer qu'elle produise une élévation des niveaux de HDL.

L'inositol hexanicotinate semble offrir une alternative sûre et efficace à tous les médicaments hypolipidémiants. Des chercheurs ont rapporté des réductions significatives du cholestérol, sans effet secondaire, chez 16 patients hyperlipidémiques traités pendant un mois avec 400 mg d'IHN trois fois par jour puis par 400 mg quatre fois par jour pendant une durée totale de 40 semaines.

Une étude a comparé les effets de l'IHN et de l'acide nicotinique sur les niveaux de lipides sanguins de lapins hyperlipidémiques. Les résultats ont montré une réduction des niveaux de lipides sériques totaux importante avec une dose de 30 mg/kg de poids corporel. Les lipides sanguins totaux des animaux supplémentés ont diminué de 62,2 % et ils ont été réduits de 58,3 % chez les animaux prenant de la niacine. Dans le groupe IHN, le cholestérol total a diminué de 79,5 % et de 74,9 % dans le groupe niacine. La plus grande différence entre les deux groupes est apparue lorsque l'on a regardé les niveaux de triglycérides : dans le groupe IHN, leurs niveaux avaient baissé de 63,2 % contre seulement 30,9 % dans le groupe niacine4. Ces résultats sont cohérents avec ceux d'une étude précédente qui avait trouvé que l'IHN était plus efficace que la niacine dans ses effets hypocholestérolémiants et lipotropes.

Troubles vasculaires périphériques

L'IHN s'est montré particulièrement efficace dans le traitement de troubles vasculaires périphériques et, notamment, dans la maladie de Raynaud et la claudication intermittente.


Claudication intermittente

La claudication intermittente, une déficience de l'apport sanguin à un muscle en exercice, se traduit par des douleurs, des crampes ou de la fatigue, généralement dans le mollet, qui se manifestent après une courte période de marche mais pas au repos. Elles peuvent aussi toucher la hanche, la cuisse, les fesses ou les pieds. Elles sont causées par une insuffisance artérielle généralement conséquente d'une athérosclérose. L'utilisation d'esters de niacine et, en particulier, d'IHN, pour traiter cette pathologie a été largement étudiée.

Une étude en double aveugle impliquant un total de près de 400 individus a montré que l'inositol hexanicotinate peut améliorer la distance de marche de personnes atteintes de claudication intermittente5. Dans une étude en double aveugle contrôlée par placebo, 100 personnes ont reçu quotidiennement un placebo ou 4 g d'inositol hexanicotinate. Après une période de trois mois, les participants ont constaté des améliorations significatives de la distance qu'ils pouvaient parcourir avant de ressentir une douleur excessive6.

Une autre équipe a suivi 80 patients atteints de claudication intermittente pendant une période de trois mois dans le cadre d'une étude en double aveugle contrôlée par placebo. Les sujets ont reçu une dose quotidienne de 2 g deux fois par jour. Les résultats les plus significatifs de cette étude ont été le fait que fumer des cigarettes avait une influence majeure sur les mesures des distances parcourues. Lorsque ce facteur a été retiré de l'équation, les chercheurs ont constaté que le groupe prenant de l'IHN avait nettement augmenté la distance qu'il pouvait parcourir. Une autre étude a également constaté une amélioration du temps de marche et du nombre de pas dans un groupe de 86 patients. La différence d'amélioration entre les sujets sous placebo et ceux prenant de l'IHN était statistiquement significative chez les plus sévèrement atteints d'entre eux. La claudication intermittente pose un certain nombre de problèmes d'évaluation, l'exercice en lui-même étant bénéfique aussi bien au groupe placebo qu'au groupe tests. Dans les études que nous venons de citer, l'IHN semble avoir été toléré aussi bien, si ce n'est mieux, que le placebo. Sekfort a rapporté que dans des cas d'insuffisance vasculaire chronique, des doses allant jusqu'à 1 800 mg quotidiens ont été administrées sans effet secondaire visible9.


Maladie de Raynaud

La maladie de Raynaud est un trouble de la circulation au niveau des petites artères (artérioles) des extrémités (doigts le plus souvent mais aussi orteils, oreille, nez). Ce trouble est dû à un resserrement des artérioles qui entraîne une diminution de leur calibre et un manque d'oxygène en aval. Lorsque les mains sont exposées au froid, les artères irriguant les doigts se contractent brusquement et bloquent la circulation sanguine, provoquant le blanchissement des doigts. La femme est beaucoup plus souvent atteinte que l'homme par cette maladie.

Une revue de la littérature de ces 35 dernières années révèle des études positives concernant l'utilisation de l'IHN dans la maladie de Raynaud. Dès 1961, des chercheurs font état des
progrès obtenus chez un patient avec une dose quotidienne de 1 800 mg : « De vastes régions incluant les bouts des doigts ont guéri normalement, la flexibilité des doigts et des mains a été augmentée et on a estimé que la circulation périphérique a été améliorée de telle sorte que le patient ne s'est plus plaint de froideur ni de gêne. »

En 1977, une étude pilote préliminaire utilisant une évaluation quantitative thermographique, une procédure non invasive, pour mesurer les températures de base de la main a constaté que, utilisé pendant plusieurs mois, l'IHN augmentait plus efficacement la température des mains. Cela a suggéré que le mécanisme d'action devait être quelque chose d'autre qu'une vasodilatation transitoire et une autre étude a rapidement été mise en place dans laquelle 15 patients ont reçu quotidiennement 4 g d'IHN pendant 36 semaines. La même méthode d'évaluation a été utilisée.
Une amélioration objective du gradient thermal de la main après une stimulation froide a été observée. De plus, l'amélioration des patients se plaignant de symptômes de froid, de douleurs, d'engourdissements et de brûlures a été statistiquement significative10. Une autre étude est venue confirmer la nécessité d'une supplémentation de longue durée pour obtenir des effets bénéfiques avec l'IHN.

Vingt-trois patients ont reçu 4 g quotidiens d'IHN pendant la période hivernale et ont rapporté des résultats positifs qui se sont notamment traduits par des crises de vasospasmes plus courtes et moins fréquentes durant la période de l'essai. Dans un autre groupe comprenant des femmes atteintes d'un stade primaire de la maladie de Raynaud, une supplémentation avec une dose quotidienne d'IHN de 3 à 4 g d'IHN pendant neuf mois a généré une augmentation statistiquement significative de la vitesse sanguine transcutanée.
Dans chacune de ces études, des résultats significatifs ont été obtenus grâce à une administration d'IHN de longue durée11.

L'IHN semble avoir des applications dans le traitement d'autres maladies résultat d'insuffisance vasculaire périphérique. Une revue de la littérature dévoile un rapport sur 8 patients souffrant d'athérosclérose a qui l'amputation a été évitée et 18 cas de gangrène ou de risque de gangrène qui ont remarquablement répondu à l'IHN12.

Traitement de maladies cutanées

L'IHN a été utilisé dans le traitement de différentes pathologies cutanées avec des résultats contradictoires.
C'est notamment le cas de lésions sclérodermiques, d'acné, de dermatite herpétiforme, de glossite exfoliative ou de psoriasis. L'IHN a semblé aider quatre patients sur cinq avec une dermatite herpétiforme. Un patient avec des lésions cutanées sclérodermiques a vu son état s'améliorer de façon significative après la prise de 1 200 mg quotidiens d'IHN. Les résultats avec les autres maladies cutanées ont été moins prometteurs. Il semble que les problèmes dermatologiques bénéficiant le plus de l'IHN soient ceux qui sont liés à une insuffisance vasculaire.







Toxicité


De nombreuses réactions toxiques, aiguës ou chroniques, ont été rapportées avec l'utilisation de fortes doses de niacine. Ces réactions se manifestent par des symptômes aigus de rougissement, de démangeaisons et de plaintes gastro-intestinales et par des symptômes chroniques de toxicité hépatique, d'hyperuricémie et de perturbation de la tolérance au glucose. Par contre, aucun effet secondaire n'a été rapporté avec l'utilisation de l'inositol hexanicotinate à des doses allant jusqu'à 4 g quotidiens. Cependant, en dépit de cette absence de réaction néfaste, l'utilisation de l'IHN chez des patients ayant une maladie hépatique devrait probablement être évitée. De plus, lorsque de fortes doses d'IHN (2 g ou plus quotidiens) sont administrées, les enzymes hépatiques devraient être mesurées tous les deux ou trois mois au moins pendant les six premiers mois de traitement.



1 Welsh et al., Inositol hexanicotinate for improved nicotinic acid therapy. Int. Record Med. 1961; 174: 9-15.
2 idem.
3 idem.
4 El-Enein A.M.A. et al., The role of nicotinic acid and inositol hexaniacinate as anticholesterolemic and antilipemic agents. Nutr. Reports Int. 1983; 91: 498-500.
5 O'Hara et al., The therapeutic effect of inositol nicotinate in intermittent claudication : a controlled trial. Br. J. Clin. Pract. 1988; 42: 377-383.
6 idem.
7 Kiff R.S. et al., Does inositol nicorinate influence intermittent claudication ? a controlled trial. Br. J. Clin. Pract. 1988 ; 42 : 141-145.
8 Tyson V.C.H., Treatment of intermittent claudication. Practitioner 1979; 223: 121-126.
9 Seckfort H., Treating circulatory problems with inositol nicotinic acid ester. Med. Klin. 1959; 10: 416-418.
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Inositol Hexanicotinate (IHN)

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